Tout comme le premier volume de cette collection ' Architecture + Recherches ' : Le système logique de l'architecture de Chr. Norberg-Schulz, l'essai théorique d'Alexander Tzonis est né de l'analyse de la pratique de J'architecture, disons plutôt de l'impossibilité d'exercer cette pratique, de sa confusion. En effet, tout qui veut accéder à la profession d'architecte constate rapidement que celle-ci se dissout dans une opacité complète et délibérément entretenue. C'est cette opacité - qui ne permet ni une orientation consciente, ni une activité sensée et qui, de surcroît, n'a rien à voir avec une intuition créatrice ou une mystique féconde - qu' Alexander Tzonis a dépeinte. Dans la préface à cette édition il expose comment son étude a pris corps dans l'histoire concrète et poignante de la révolte étudiante dans les écoles d'architecture à la fin des années soixante. Il explique aussi comment il a été amené à réintroduire, dans la réflexion sur l'architecture d'aujourd'hui, une approche historique.
L'intérêt de l'essai de Tzonis réside dans l'acceptation sans réserve de la réalité historique. Le refus ou l'acceptation de l'histoire équivaut au refus ou à l'acceptation, telle quelle, de la communauté qui y est impliquée. L'attitude envers l'histoire ne peut être indifférente. Elle est engagée ou opportuniste. Cette idée, dans l'interprétation qu'en a donnée Tzonis, est extrêmement riche. Elle fournit un cadre neuf pour des recherches ultérieures. Sa portée est beaucoup plus vaste que Je champ d'investigation de la seule architecture. On pourrait la décrire comme une philosophie radicale des sciences, appliquée ici à J'architecture. C'est en cela que ce livre se classe parmi les livres-clés de la théorie architecturale d'aujourd'hui.